Nous avons rencontré une femme au grand coeur qui a tout quitté en France pour venir s’installer avec ses enfants en Amazonie équatorienne et créer une association, Patou Solidarité (http://patousolidarite.eu), qui vient en aide à la communauté Kichua de Jacun Yacu près de Tena.
Bien décidée à vivre autrement, c’est l’esprit plein de projets pour améliorer les conditions de vie de cette communauté que nous l’avons trouvée : envoi de colis de vêtements usagés, amélioration des conditions d’hygiène, création d’une serre et d’un potager pour l’école…Pas toujours facile à concrétiser avec de petits moyens, mais une volonté de fer qui ne laisse pas de place au doute.
Myriam Vieillard, quel est votre parcours ?
Assez atypique si l’on peut dire. Ambulancière de profession et de formation mais ayant déjà voyagé dans ma jeunesse, principalement en stop, et surtout en Europe. J’avais fini par m’installer deux ans en Sicile car j’y étais tombée amoureuse de la culture, des paysages et de la langue. J’ai malgré tout fini par rentrer en France du côté de Nantes.
Comment est né votre projet de créer une association humanitaire en Equateur (Patou Solidarité) ?
Le projet de partir est né suite à une transformation radicale de ma vie puisque j’ai perdu mon mari dans un accident de la circulation. Quelque chose devait changer et vite car je me ratatinais. J’avais toujours voulu faire de l’humanitaire mais je ne savais pas vraiment par quoi ni où commencer étant seule avec deux jeunes enfants. L’Afrique étant hors de question malheureusement à cause des nombreux dangers actuels, j’ai eu un contact en Equateur à l’hôpital de Riobamba. Je me suis lancée et je suis partie avec mon dictionnaire sous le bras pour faire un repérage. J’ai finalement attérit en Amazonie, à Tena plus exactement où j’ai rencontré la communauté de Jatun Yacu. Et là ça a été un choc. Il fallait faire quelque chose. Leurs conditions de vie étaient catastrophiques, les enfants avaient des vêtements usés jusqu’à la corde, pas de chaussure, des sacs pour cartables, la forêt y sert de toilette quand ce n’est pas la rivière, ils ont un repas par jour distribué par l’école. J’ai donc décidé de créer Patou Solidarité (le surnom de mon mari) et d’essayer d’agir avec mes petits moyens.
Comment appréhendiez-vous votre mission avant votre départ de France ?
Je ne savais rien. J’ai tout appris sur le tas. La création d’une association etc… Tout ce dont j’étais sûre c’était qu’en France, nous avions tendance à jeter ce dont nous ne nous servions pas. J’ai donc pensé que ce serait tout aussi bien de l’envoyer ici de manière à ce que les vêtements, les chaussures à peine usés aient encore une utilité ici pour des enfants qui en ont vraiment besoin. Puis surtout de travailler en confiance à travers des photos des vêtements données visibles sur le site, de manière à ce que les gens soient assurés que leurs dons arrivent à qui de droit.
Quel accueil avez-vous reçu en Equateur ?
Très agréable. En pensant à la communauté, ils n’avaient rien mais le peu qu’ils avaient, ils le partageaient. J’ai été extrêmement touchée par leur générosité
Comment se déroule la mise en oeuvre de votre projet ? Quels objectifs poursuit votre association ?
Doucement, très doucement ! Quand on débute, il est très difficile de mobiliser. Les gens ne vous prennent pas trop au sérieux. Je n’ai donc reçu que 6 colis en 6 mois. Mais petit à petit, grâce à des connaissances en France et au site internet, qui par l’intermédiaire des photos permettait de vérifier notre travail, nous avons fini par être suivi par le petit village que nous habitions près de Nantes. Chaque colis que je reçois, je l’apporte moi même aux familles et je le distribue. Je prends des photos que je publie à chaque fois de manière à ce que les personnes qui y ont participer reçoivent autant de joie que moi à leur action. Les derniers mois , nous avions réussi à récolter suffisamment d’argent pour envoyer 300 kg de vêtements, chaussures, jouets, peluches et matériel scolaire pour la communauté. Et nous avons aussi obtenu notre première subvention privée qui nous a permis de rénover les sanitaires de l’école. Nous avons 7 bénévoles en France, pour la plupart étudiants et une vice-présidente, Catherine Le Pape, qui se charge d’essayer de nous trouver aussi bien des fonds car chaque colis coûte de l’argent à l’envoi et à la réception et des dons en nature. Elle envoie, je réceptionne, et je publie les photos.
De plus nous essayons de créer des projets en accord avec la communauté afin d’améliorer leur quotidien. Actuellement, nous essayons de trouver un financement pour créer des sanitaires à chaque famille. Nous travaillons aussi sur l’idée de faire une serre dans l’école afin que les enfants puissent avoir un repas correct, ainsi qu’ une salle de classe spécialisée pour les enfants porteurs de handicaps qui sont totalement laissés à l’abandon. Nous fourmillons de projets mais le problème est toujours le même : difficile pour une toute jeune association d’obtenir des financements.
Quelles relations humaines avez-vous pu nouer en Equateur ? Une rencontre vous-a-t-elle particulièrement marquée ?
La première rencontre qui m’a beaucoup touchée à mon arrivé, c’est la famille de Domingo et Helena, celle qui m’a reçue dans la communauté. Avec 18 grossesses, Helena fait figure d’héroïne pour moi. J’ai un profond attachement pour eux. Beaucoup de rencontres m’ont marquées et me marquent encore. Rosa, qui tient un restaurant de cuisine typique kichwa et qui, à peine terminé, court faire une formation de puéricultrice et s’occupe en même temps de ses quatre enfants. Olga, qui tient un petit magasin d’électroménager, Antoine et Flore, des français qui travaillent à la reforestation, Kristina une allemande aussi folle que moi de la communauté et qui elle aussi essaye d’agir.
Ce pays vous-a-t-il surpris ? Continue-t-il à vous étonner ?
Ce pays me surprend tous les jours . De par sa beauté , sa culture ancestrale , ses traditions , sa chaleur humaine…
Vous vous êtes installée en Equateur avec votre famille, comment s’est passé l’intégration ?
Pour moi-même c’était une décision réfléchie, ce fut donc assez facile. En revanche pour mes enfants ce fut un peu plus compliqué. Ils ont dû tout quitter pour arriver dans un pays inconnu dont ils ne connaissaient pas la langue, se faire de nouveaux amis, s’apercevoir que tout n’est pas rose pour tout le monde. J’ai la chance d’avoir des enfants formidables.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent vivre une expérience humanitaire en Equateur ?
Venez l’esprit ouvert en vous laissant guider et vous pouvez être sûrs de repartir le cœur plein.
Pour aller plus loin et contacter Patou Solidarité :
Patou Solidarité
Myriam Vieillard
Av 12 de febrero y cusuno,
Tena Napo Ecuador.
Ceci est l’adresse pour envoyer des colis directement sur place, en sachant qu’un colissimo international de 7 kg coûte 46,75 euros. N’hésitez pas à vous mettre à plusieurs si le coeur vous en dit .
Vous pouvez également envoyer un chèque à l’ordre de Patou Solidarité à l’adresse suivante :
PATOU SOLIDARITE
14 Avenue Hector Berlioz ,
44470 Thouaré sur Loire
Quelle belle initiative ! et quel courage !
Il est vrai qu’il faut une certaine dose de courage, d’abnégation et d’humanité pour partir dans une telle aventure ! Encore bravo à Myriam.
En Équateur, chaque jour, au moment du couvre-feu, s’engage une course-poursuite entre policiers et habitants surtout à Guayaquil. Je crois que les efforts de beaucoup de bénévolats sont en vain à cause de ce dernier.
Waouh, c’est tout simplement admirable ce qu’elle a fait là. En tout cas, je la félicite pour son initiative. S’il y a autant de volontaires de la sorte, je pourrais dire qu’on vivra enfin dans un monde où tout le monde se ressemble.
Après quelques années en Equateur qu’en est-il aujourd’hui ? Tout se passe toujours comme vous le souhaiteriez, est-ce que la vie a changé au fil des années en bien ou en mal ?
C’est un projet familial très courageux en tout cas !