Equateur Info a rencontré Marie et Nicolas, voyageurs au long cours qui ont profité de leur périple pour effectuer un volontariat en Equateur. C’est dans un village sur les flancs du volcan Chimborazo qu’ils ont partagé la vie des bergers et aidé à garder les alpagas. Des souvenirs et des projets pleins la tête, Nicolas nous raconte leur expérience, riche en rencontres…
(pour visiter leur blog c’est par ici)
Bonjour Nicolas, quel est votre parcours ?
Ma compagne et moi avons réalisé un tour du monde entre Juillet 2012 et Avril 2013. Le parcours prévoyait de visiter entre autres l’Amérique du Sud, depuis la pointe sud du Chili jusqu’à l’Equateur, à travers les pays Andins (Bolivie, Pérou). Nous avons séjourné en Equateur du 30 Janvier au 25 février 2013. Venant du Pérou par la route, nous avons visité Loja, Cuenca, Riobamba avant de rejoindre notre volontariat pour deux semaines. Ensuite nous avons passé une semaine à Puyo et aux alentours avant de rejoindre Quito et prendre l’avion pour le Panama.
Comment est né votre projet de partir en tant que volontaire ? Quelles étaient vos motivations ?
Ce qui nous intéresse dans le volontariat c’est d’être utiles, de rencontrer la population locale et de s’insérer dans des activités quotidiennes, de sortir des activités touristiques habituelles, et tout simplement de travailler. En France, nous travaillions à plein temps, et la coupure d’un aussi long voyage a commencé à se faire sentir, d’autant plus qu’autour de nous, les gens travaillent.
Comment appréhendiez vous votre mission avant le départ ?
Pendant notre tour du monde, nous avons fait plusieurs fois du volontariat. La première fois c’était en Russie, pour l’organisation « Great Baikal Trail ». Pour ce qui concerne l’Equateur, ça venait après de longues semaines de visites très « touristiques », nous étions impatients de passer plus de temps au même endroit, à renforcer les relations avec des habitants. On ne savait pas trop sur quoi on allait tomber, mais comme ça faisait plusieurs mois que nous parlions espagnol, que nous étions dans une ambiance andine, ça ne nous inquiétait pas.
Quel accueil avez-vous reçu de ce pays ?
On a adoré la façon dont les équatoriens se sont comportés avec nous ! De tout notre voyage, c’est peut-être le pays où l’on s’est sentis le moins « touristes ». Des rencontres et des moments de partage en Equateur font partie de nos meilleurs souvenirs : la fête des « Enfants de Jésus » à Riobamba, où nous avons sympathisé avec une équipe de danseurs qui nous ont proposé de participer au défilé dans la ville avec eux, costumés dansant et faisant la fête pendant plus de deux heures ! Le carnaval à Chambo, à Pulinguy (villages proches de Riobamba)…
En quoi a consisté votre volontariat ?
Nous avons passé deux semaines auprès d’un groupement d’éleveurs d’alpagas du village de Pulinguy. Trente familles ont en commun des pâturages sur les flancs du Volcan Chimborazo et un troupeau de 120 bêtes adultes. Notre mission consistait à accompagner les bergers et bergères chaque jour. C’était une façon de découvrir leur métier, leur mode de vie. Nous vivions dans une maison construite spécifiquement pour les volontaires, située à proximité du pâturage.
Quelles relations humaines avez-vous pu nouer en Equateur ?
Les gens qui nous ont accueilli ont été d’une grande gentillesse. Ils nous ont mis à l’aise tout de suite. C’était très bien organisé, avec des personnes « ressources » pour vérifier que tout allait bien, les bergères avec qui nous partions chaque jour et avec qui nous avons beaucoup parlé, les enfants…. Nous sommes descendus au village pour le carnaval et là encore, les gens du village ont été très accueillants avec nous, nous avons discuté avec beaucoup de monde.
Ce pays vous-a-t-il surpris ?
Ce qui marque en Equateur, comme dans d’autres pays d’Amérique du Sud, c’est un sentiment optimiste assez généralisé. Ça change de l’atmosphère actuelle en Europe, très pessimiste, très marquée par la peur de perdre les acquis sociaux, le mode de vie auxquels les européens sont habitués depuis trente ou quarante ans. En Equateur, même si la vie est toujours difficile pour les petits paysans et les habitants des zones rurales, il y a cette impression que les choses sont en train de s’améliorer. Cela semble être plus que de l’espoir, plutôt quelque chose qui s’appuie sur des résultats déjà tangibles, des réussites indéniables. Les gens ne se plaignent pas, comme dans beaucoup d’autres pays. Il est vrai que nous avons effectué notre séjour en Equateur en pleine campagne présidentielle, cela a peut-être joué dans l’atmosphère générale, le contenu des discussions.
Cette expérience vous a-t-elle apporté professionnellement ?
Nous sommes rentrés avec des idées dans la tête : ma compagne a le projet d’importer des produits en laine issus des éleveurs de Pulinguy et de les vendre en France. Elle a gardé le contact avec eux et elle espère pouvoir organiser l’envoi de la laine depuis l’Equateur jusqu’en France.
Une image de l’Equateur dans votre mémoire aujourd’hui ?
Difficile d’en retenir une ! Un défilé de carnaval au son de Margarita Lugue, avec une dame qui court après ma compagne pour l’arroser ; un bébé alpaga qui naît au milieu des pâtures sur les flancs du Chimborazo ; l’ambiance dans les tribunes du Stade Olympique Atahualpa de Quito…
Avec le recul, qu’a changé en vous cette expérience, comment avez-vous vécu le retour en France ?
Ce long voyage nous a évidemment marqué, mais on n’a peut-être pas encore pris conscience de ce qui a changé en nous… pour ce qui concerne spécifiquement l’Equateur, c’est un pays qui donne envie d’aller à la rencontre d’autres cultures. La comparaison des situations politiques entre pays est également un sujet de réflexion : d’un côté des pays comme l’Equateur qui semblent aller dans la bonne direction (même si certaines choses sont également critiquables) ; de l’autre un pays comme Madagascar où la classe politique est désespérante d’incompétence, de corruption, d’absence de prise en compte de l’’intérêt général…
Gardez-vous des liens avec ce pays ?
Nous avons gardé les contacts de Pulinguy et nous espérons recevoir des nouvelles de leur part.
Pensez-vous repartir un jour ?
OUI c’est certain, c’est un pays où nous souhaitons revenir, car il y tant de choses que nous n’avons pas vu ! Y aller durant une saison plus adéquate pour des ascensions en montagne ou des randonnées en forêt. Il ya encore beaucoup d’endroits que nous n’avons pas vu, comme le littoral, ou les régions situées au nord de Quito.
Beau témoignage. Merci à Marie et Nicolas de nous faire rêver de liberté !
Merci pour eux ! Il est vrai que devenir pour un temps berger sur les flancs d’un des plus grands volcans des andes doit procurer des sentiments de liberté et de plénitude et permettre de prendre le temps de réfléchir sur soi.
L’acte de volontariat est un acte noble selon moi. Toutefois, il y a certaines personnes qui sont taillées pour ce genre de chose. Et il faut dire que c’est le cas pour Marie et Nicolas.
En ce qui concerne le point de vue de Marie et Nicolas sur la vie en Europe, je suis on ne peut plus d’accord. Et ce pessimisme gagne de plus en plus de terrain avec l’arrivée de cette pandémie. Du coup, on souhaite juste pouvoir s’évader et profiter de la vie. Vivre au jour le jour sans se soucier de toute autre chose que de notre bonheur.
Quelle dévotion de leur part. On devrait prendre exemple sur eux. La plupart des voyageurs ne pensent qu’à profiter de la vie. J’ai rarement vu (pour ne pas dire jamais) des personnes qui agissent de la sorte.
Jusqu’à maintenant, je me pose souvent cette question : pourquoi beaucoup de Français aiment-ils aider les autres gens dans les autres pays au lieu d’aider leurs compatriotes ? Est-ce normal à votre avis ?
Pour les amoureux de la nature (montagnes, volcans, faune, etc.), l’idée de partir en Équateur reste l’idéal, n’est-ce pas ? Mais les problèmes avec les zones rurales dans ce pays c’est le magasin.
Quand on est à la place du lecteur, on dirait que c’est amusant, qu’on découvre de nouvelles choses, etc., mais quand on est réellement un volontaire, ce n’est pas aussi évident, parce qu’on constate directement tous les maux du monde.
« Volontariat ou aussi coopération internationale » pour moi cela désigne aussi l’état général d’un pays qui reste encore dans la pauvreté. Car seuls les pauvres pourraient bénéficier des aides que ce soit en termes de budgets ou autres choses.
Corrigez-moi si je me trompe les amis, car je ne comprends pas pourquoi se focaliser à aider les pauvres au lieu de trouver la source de leurs pauvretés avec ce genre de volontariat.